COMPRENDRE – LES CONNAISSANCES

Nos communications peuvent être surveillées

J’ai essayé d’écrire un long message aux fans de Gao Games pour expliquer pourquoi je partais, mais je n’ai pas réussi. C’était trop fatigant, trop compliqué, et pour être honnête, j’ai pas eu le courage… Je sais, c’est nul. J’ai quand même laissé mes notes de brouillon. C’est pas forcément très clair, mais j’espère que quelqu’un pourra en faire quelque chose. Je les ai triées par thématiques, pour essayer de parler de tout. Celle-là est sur l’espionnage des discussions…

Par défaut, nos moyens de communication numérique (emails, SMS, réseaux sociaux…) sont peu sécurisés et ne garantissent pas la confidentialité de nos échanges. Surtout les téléphones portables, car leur manière de fonctionner est volontairement rendue opaque et leur modification difficile.

Toutes nos conversations peuvent être surveillées par des entreprises qui gagnent de l’argent avec cette activité (comme Gao Games), par des États et leurs administrations, ou bien par des personnes malveillantes, autour de nous ou inconnues. L’un des seuls moyens de nous protéger de ces regards indiscrets est le chiffrement des communications.

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Savoir-faire associé

Notre téléphone permet de dire à tout moment où nous nous trouvons

Dès qu’il se connecte à un réseau mobile, notre portable peut être localisé relativement précisément par notre opérateur téléphonique (par exemple Free, Orange, SFR, Bouygues…). À courte distance, il est également possible de repérer les portables dont le Wifi ou le Bluetooth est activé.

Mais le plus problématique vient des applications installées. Nombre d’entre elles utilisent le GPS intégré pour transmettre notre position à des entreprises qui exploitent ou commercialisent cette information, dont beaucoup de « Géants du Net ». Ces entreprises et leurs clients — ainsi que les services de police et de renseignement — peuvent savoir où nous sommes, mais aussi où nous avons été, combien de fois, combien de temps, avec qui… Si tu veux en savoir plus sur ce sujet, tu peux lire cet article du site Surveillance Self-Defense.

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Des entreprises gagnent beaucoup d’argent en nous surveillant !

Comment certaines entreprises gagnent de l’argent avec nos données ?

En connaissant nos comportements, ces entreprises peuvent nous pousser à faire quelque chose (acheter un produit, voir un film, entrer dans un magasin à proximité…). Plus ces entreprises nous connaissent et plus elles gagnent de l’argent !

Le modèle économique de nombreuses entreprises proposant des services en ligne repose sur la collecte et l’utilisation de nos données personnelles. Les plus connues de ces entreprises sont certaines des GAFAM — un acronyme désignant Google, Amazon, Facebook, Apple et Microsoft — mais elles sont loin d’être les seules à le faire.

La plupart de nos usages peuvent leur servir à collecter toujours plus de renseignements nous concernant : navigations sur le web, téléphones portables, montres, cartes de paiement et de fidélité, télévisions, aspirateurs, voitures, sonnettes, frigos… Autant d’occasions pour ces entreprises d’accéder à de petites informations, qui une fois mises bout à bout, permettent d’en savoir beaucoup sur nous, nos vies, nos idées et nos quotidiens. Bien que ces pratiques soient souvent illégales, elles sont malgré tout très répandues. Il existe heureusement des moyens de nous en protéger.

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La surveillance de masse nuit à la démocratie

En surveillant nos faits et gestes, des entreprises arrivent à déduire nos opinions politiques et les arguments les plus à même de nous convaincre de faire ou de ne pas faire quelque chose. Et même de voter ou de ne pas voter pour un·e candidat·e à une élection démocratique !

La société Cambridge Analytica est par exemple accusée d’avoir utilisé des données collectées en partie via Facebook pour influencer l’élection de Donald Trumpetetaux États-Unis ou le referendum de sortie de la Grande-Bretagne de l’Union européenne. En tout, Cambridge Analytica aurait pesé sur plus de 200 élections à travers le monde, pour répondre aux demandes des personnes pouvant payer ces services, mais ce type d’influence va à l’encontre du fonctionnement de la démocratie où chaque personne fait ses choix de manière libre et non pas en étant manipulée.

Savoir que nous sommes peut-être surveillé·e modifie la façon dont nous nous comportons. Des personnes vont par exemple s’abstenir de faire ou dire quelque chose (par exemple exprimer une opinion minoritaire) de peur d’être pénalisé·es.

Aussi, les géants du Net ont le pouvoir sur les informations que nous pouvons ou non trouver et donc elles peuvent nous influencer.

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Savoir-faire associé

Les outils numériques polluent aussi

Contrairement à ce que l’on pourrait croire, les usages et outils numériques polluent la planète. La fabrication des appareils et équipements, la navigation sur des sites Internet accessibles 24 h/24, l’envoi de messages électroniques, les impressions à la maison… toutes ces activités, consomment de l’énergie, produisent des déchets et demandent de grands volumes de métaux rares !

Loin de remplacer des usages polluants existants (ex. : une visio à la place d’un déplacement en avion), les outils et services numériques les encouragent. Les études  démontrent que les usages informatiques émettent déjà plus de gaz à effet de serre que le transport aérien, et que ces émissions atteindront bientôt le niveau de celles du transport routier.

Les conditions de fabrication de ces équipements et de leurs composants sont également souvent scandaleuses (esclavage, travail des enfants…). Heureusement, des solutions existent et nous pouvons agir pour limiter les conséquences sociales et environnementales de nos pratiques numériques !

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La surveillance de masse facilite la répression exercée par les États

En soi, la surveillance de masse est déjà une violation de nos droits fondamentaux. Malheureusement, elle permet aussi des atteintes encore plus graves. Des gouvernements non démocratiques peuvent l’utiliser par exemple pour réprimer le contre-pouvoir qu’exercent des médias ou lanceurs d’alerte, qui par leur vigilance, renforcent nos démocraties.
Comme le lanceur d’alerte Edward Snowden l’a révélé, la surveillance exercée par les géants du Net nourrit directement celle exercée par certains États. Se protéger de l’une permet de se protéger de l’autre, mais aussi de protéger ses proches. En effet, nos pratiques ont des conséquences sur les personnes qui nous entourent. Pour certaines d’entre elles, garder les informations les concernant secrètes peut être très important — voire vital.
Actuellement le Programme Pégasus est l’exemple plus récent de comment, certains gouvernements surveillent d’autres (chef ·fe·s d’État, citoyen·nes, journalistes) grâce à leurs téléphones portables.

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Les robots aussi peuvent se tromper !

Les outils numériques prennent de plus en plus de place dans nos quotidiens et nous assistent dans un nombre toujours plus important d’activités. Sans que nous en ayons forcément conscience, des décisions ayant des conséquences sur nos vies sont prises par des machines. Ou plutôt… par les personnes qui les ont conçues !

Évidemment, ces machines sont loin d’être infaillibles : leurs programmes informatiques peuvent dysfonctionner, ou alors les données utilisées pour faire ces choix peuvent être incomplètes ou incorrectes. Dans d’autres cas encore, les personnes qui ont conçu ces programmes imaginaient que nos corps et nos usages ressembleraient aux leurs, et… se sont trompées.

Tous ces problèmes potentiels peuvent aboutir au même résultat : des personnes ne peuvent pas utiliser ces outils normalement ou bénéficier des services auxquels ils donnent accès. Malheureusement, les personnes qui rencontrent le plus ces difficultés sont souvent celles déjà victimes d’autres formes d’inégalités. Par exemple, les voix féminines ou les peaux foncées sont moins bien reconnues par beaucoup d’outils numériques que les voix masculines et les peaux claires. Ennuyeux, lorsqu’on veut utiliser la commande vocale de son GPS ou une application de reconnaissance faciale ! Si cette question t’intéresse, tu peux écouter ce podcast.

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Des interfaces conçues pour nous tromper et nous manipuler

Sur Internet et dans nos téléphones, beaucoup d’entreprises ont recours à des interfaces truquées, soigneusement conçues pour nous manipuler. En anglais, on les nomme des dark patterns. Grâce à des notifications, présentations et choix de couleurs volontairement trompeurs, options présélectionnées, informations difficilement repérables… il est possible de nous faire accepter des choses que nous aurions probablement refusées si elles avaient été présentées clairement.

Ces entreprises savent se servir des mécanismes de notre cerveau liés aux processus du plaisir et de la récompense et nous donnent envie d’utiliser leurs applications et services, d’y passer toujours plus longtemps, et ce parfois jusqu’à provoquer de véritables addictions.

Tous ces efforts ont pour vocation de pouvoir collecter à chaque fois plus de données sur nous pour mieux nous connaître, pour nous pousser à consommer. Par exemple, elles tentent de déterminer les moments où nous sommes fatigué·es ou ceux où nous manquons de confiance en nous, et elles en profitent pour nous faire acheter des choses que nous aurions refusées le reste du temps. J’ai participé à cette manipulation avec les Gao Games, c’était une erreur de ma part.

Pour en savoir plus là-dessus, tu peux regarder cette minisérie de vidéos d’ARTE, cet article du site InternetActu.net et cette publication de la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL).

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Les entreprises et les administrations aussi sont surveillées

Les outils de la surveillance de masse facilitent l’espionnage industriel ou économique. Qu’il s’agisse de concurrencer les entreprises, de leur dérober leurs découvertes, de les rançonner, de les saboter, ou de se renseigner sur leurs client·es par ce biais, de nombreux acteurs ont intérêt à obtenir les informations confidentielles des sociétés.
De la même manière, cet enjeu est également très important pour les administrations et les services publics. Le plus souvent, ce sont les personnes qui y travaillent et qui ont légitimement accès à ces informations confidentielles qui permettent involontairement aux personnes malveillantes d’y accéder. Et cette situation s’aggrave au fur et à mesure que ces organisations ont de plus en plus recours au télétravail et ouvrent des accès à leurs outils numériques depuis l’extérieur de leurs locaux.
Le caractère massif et l’échelle mondiale de ces pratiques, ainsi que la participation des services de renseignement des États à ces activités ont notamment été démontrés par les documents révélés par le lanceur d’alerte Edward Snowden en 2013 et plus récemment, en 2021 le Programme Pégasus où certains gouvernements surveillent d’autres (chef ·fe·s d’État, citoyen·nes, journalistes) grâce à leurs téléphones portables.
Ainsi, nous protéger de la surveillance permet de protéger les données des structures dans lesquelles nous travaillons et d’éviter des situations parfois catastrophiques. Tu peux trouver de nombreux conseils pour limiter ces risques sur le site cybermalveillance.gouv.fr

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Données personnelles ou données collectives ?

Bien que l’on parle généralement de « données personnelles », une grande partie de ce que les « Géants du Net » exploitent commercialement sont des données collectives. Il s’agit de ce que l’on appelle des graphes sociaux (ou réseaux sociaux) : les connexions et relations entre les personnes.
En parvenant à collecter des informations sur les opinions et goûts de quelqu’un, ces entreprises peuvent facilement déduire ceux de son entourage. Et comme les communications impliquent par nature plusieurs personnes, leur confidentialité dépend des choix de l’ensemble des participant·es. Si un·e seul·e destinataire de nos messages se soucie moins de la confidentialité des échanges que les autres, même les outils les plus protecteurs ont beaucoup moins d’efficacité.
Prendre soin de nos données personnelles est aussi prendre soin de celles de nos proches. Par exemple, nous pouvons nous poser la question de savoir si les proches visibles sur nos photographies sont réellement d’accord pour qu’elles soient mises sur Internet ou partagées. Et cela ne concerne pas que les êtres humains : des braconniers utilisent [en] par exemple les métadonnées d’images publiées sur Internet par des touristes pour localiser des animaux et les chasser. Pour en savoir plus sur la dimension collective des données « personnelles », tu peux lire cet article.

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Des outils à notre service ? Vraiment ?

Utiliser les services des « Géants du Net » a des avantages : ils sont simples d’utilisation, très souvent gratuits et populaires. Mais ces services répondent d’abord et avant tout à l’intérêt de ces entreprises : les besoins des utilisateur·ices sont secondaires.
Selon leurs envies et objectifs, elles peuvent effacer notre compte ou certaines de nos publications, en limiter l’accès, ajouter ou supprimer des fonctionnalités, ne pas nous montrer certaines publications ou au contraire ne mettre en avant que certaines opinions… ou même vendre l’activité à une autre société, ou carrément l’arrêter. Des pouvoirs très importants, surtout quand vraiment beaucoup de gens utilisent ces services.
Heureusement, il existe des alternatives qui fonctionnent tout aussi bien et nous redonnent la capacité de décider ! L’association Framasoft propose par exemple de nombreux outils alternatifs à ceux des géants du Net sur le site degooglisons-internet.org.

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Nos données peuvent être utilisées pour prendre des décisions qui nous concernent

À travers le monde, des entreprises fabriquent des logiciels destinés à prendre des décisions à notre sujet sur la base de nos données personnelles. Elles aimeraient pouvoir savoir qui serait susceptible de rembourser ou non un crédit à sa banque, qui correspond le mieux à un emploi, qui tombera malade au cours des prochaines années, qui pourrait commettre un crime…
Des objectifs qui peuvent sembler intéressants mais qui, en pratique, posent de nombreux problèmes. Leurs prédictions s’avèrent souvent inexactes et révèlent davantage les stéréotypes qu’avaient les personnes qui ont créé ces méthodes qu’autre chose. Par exemple, un programme conçu par Amazon en 2014 pour trier les candidatures reçues par l’entreprise a fini par systématiquement privilégier les CV des hommes. Une autre difficulté majeure est que les gens jugés négativement n’ont plus la possibilité d’obtenir des explications ou de se défendre.
Heureusement, en Europe, les décisions entièrement automatisées sont interdites si elles peuvent avoir des conséquences importantes pour les personnes concernées. Pour en savoir plus à ce sujet, nous vous recommandons de lire cet article sur la manière dont les systèmes de décision automatisés renforcent les inégalités ou cette page  du site Internet de la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL).

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