LE JEU

Consignes

Pour progresser dans le jeu, vous devrez :

  • Tester les Gao Games
  • Faire avancer les discussions, en particulier avec les personnages d’Alex et Nikki

Détails pratiques

  • Plateforme : Android, à partir de la version 8.0 (Oreo)
  • Type : enquête narrative
  • Langues : anglais / espagnol / français
  • Diffusion : gratuite et sans but lucratif et avec respect des données
  • Édition : indépendante

Scénario

En rejoignant la communauté en ligne (fictive) de Gao.games, les joueu·ses découvrent une dizaine de mini-jeux gratuits, simples, intuitifs, rapides et colorés. Chacun leur demandera l’autorisation d’accéder à des données contenues dans leur téléphone (répertoire, historique des appels, messages, réveil, fond d’écran…) en mobilisant des techniques usuelles de marketing comportemental. En parallèle de ces mini-jeux, les joueu·ses rencontrent progressivement leurs homologues ficti·ves et explorent leurs différentes histoires et situations personnelles.

Rapidement, un événement imprévu survient, qui fait basculer l’histoire – jusqu’ici légère et anodine – dans une seconde partie grave et oppressante. Au cours de ces événements, les joueu·ses débloqueront des explications sur les mécanismes et les conséquences de la surveillance, ainsi que des recommandations pratiques sur les moyens de s’en prémunir.

Mécanismes

Hormis pour les mini-jeux ayant chacun leur fonctionnement propre, Gao&Blaze met en scène un environnement immersif permettant aux joueu·ses d’échanger avec les personnages au sein d’un espace de messagerie proposant des réponses multiples. D’une partie à l’autre, en fonction des interlocut·rices et des réponses choisi·es, l’expérience de chaque joueu·se sera ainsi différente, ouvrant, modifiant ou fermant des branches du scénario. Son inscription dans un quotidien crédible et la complexité du réel permet une identification forte à l’histoire et aux événements.

Tout au long du scénario, les actes de chacun des personnages mis en scène sont motivés par des raisons individuelles réalistes et accessibles, y compris pour les antagonistes. Leurs rencontres vont créer les situations auxquelles les joueu·ses seront confronté·es. En rendant compréhensibles les décisions et les biais des différent·es protagonistes (générer du profit, conserver son emploi, améliorer le monde, s’amuser…), l’application vise à permettre aux joueu·ses d’interroger ces choix et positions éthiques au regard de leurs conséquences, et in fine de se forger leur opinion propre.

Au-delà de l’intérêt scénaristique de ces mécanismes, ils permettent d’ancrer la prise de conscience des joueu·ses concernant les conséquences de la surveillance et à initier la mise en pratique des recommandations pour s’en prémunir.

L’histoire du projet

Les smartphones et la surveillance de masse

Gao&Blaze est né de plusieurs constats. Le premier d’entre eux est la place des dispositifs portables, smartphone ou ordiphones1, dans l’exercice de la surveillance et de la collecte de données personnelles menées par les géants du numérique.

Ces appareils, parfois transportés par leur propriétaire et en état de marche quasi-permanent, incorporent des équipements capables d’enregistrer toutes sortes d’informations (microphone, caméra, gps, accéléromètre, lecteur d’empreintes digitales…) et agrègent un grand nombre de données sensibles (répertoires, détails et contenus des communications, géolocalisation, contenus culturels, historiques de navigation et d’achats, voire des données biométriques…).

Les usages numériques se sont orientés ces dernières années vers une utilisation accrue de ces terminaux mobiles au détriment des usages sédentaires – usages sédentaires pour lesquels un niveau de sécurité et de protection de la vie privée relativement élevé pouvait être atteint. Si en 2016, l’équipement des foyers français en ordinateurs était encore supérieur à l’équipement en smartphones, la progression de ces taux laisse présager une inversion rapide. Ainsi, ces périphériques sont déjà ceux les plus utilisés pour naviguer sur le Web depuis 2017.

Cette transformation des usages numériques et leur massification s’est accompagnée d’une transformation de « l’expérience utilisateur », devenue centrale. Les interfaces sont devenues beaucoup plus soignées et simples, ne demandant ni compétence technique, ni configuration manuelle de l’outil à ses usages (ce qui était monnaie courante jusque dans les années 2000), mais laissant de moins en moins la main aux utilisat·rices, qui ne disposent par exemple pas des droits d’administration sur leurs appareils fonctionnant avec iOS ou Android.

  1. Un débat sémantique existe sur la manière adéquate de nommer ces dispositifs, pour franciser le terme, mais aussi pour mettre l’accent sur le fait qu’ils n’ont aujourd’hui quasiment aucune différence avec des ordinateurs – au sens commun du terme – d’un point de vue matériel. Nous avons choisi d’employer le terme smartphone pour la suite par souci de simplification, tout en étant conscient·es de ses limites.
Une demande collective

Notre second constat est la place croissante des enjeux de vie privée et de protection des données personnelles pour les citoyen·nes. Au cours des dernières années, une succession de scandales démocratiques ont alerté l’opinion publique sur la nécessité de se saisir de ces enjeux, se traduisant en action d’associations ou d’institutions, en procès aux verdicts variables, et parfois en changements législatifs.

Cette demande collective d’informations fiables et de solutions techniques pratiques reste aujourd’hui forte. Gao&Blaze est pour nous une manière de contribuer à y apporter des réponses.

Un fonctionnement volontairement opaque

Notre troisième constat est qu’en dépit de l’usage déjà important – et grandissant – de ces périphériques et du risque d’atteintes à la vie privée qu’ils impliquent, ils demeurent parmi les plus opaques du point de vue de leur fonctionnement, tant technique que logiciel.

Sans même évoquer ici les composants dont l’audit est volontairement complexifié, tels que les puces baseband, beaucoup de ces appareils sont extrêmement compliqués à démonter, et donc à étudier. La même logique est à l’œuvre pour les logiciels, tant pour le système d’exploitation que pour les applications, avec des codes majoritairement propriétaires et volontairement masqués aux utilisat·rices. Si des alternatives apparaissent doucement pour palier ces problèmes, elles restent partielles et encore largement marginales.

La rareté des réponses satisfaisantes

Notre quatrième constat concerne la relative absence de documentation dédiée aux méthodes permettant de protéger sa vie privée lors de l’utilisation d’un smartphone, comparativement à celle accessible pour l’utilisation d’un ordinateur, particulièrement pour la navigation Web.

Même si la situation s’est récemment améliorée, ces périphériques restent le parent pauvre du domaine de la protection des données personnelles et l’usage des applications mobiles réellement protectrices demeure très marginal. Ce déséquilibre s’explique à la fois par la relative nouveauté de ces périphériques, par l’absence d’outils fonctionnels et simples à déployer et par la fragmentation des systèmes. Ainsi, la demande de solutions accessibles à la majorité du public reste forte et globalement inadaptée ou insatisfaite.

Cette rareté relative réserve les solutions techniques et pratiques à un public déjà averti et expérimenté. De plus, ces documentations sont souvent rédigés en langue anglaise, limitant encore leur accessibilité. Au contraire, les usages ludiques mobiles connaissent un franc succès et nous semblent intéressants à mobiliser dans ce cadre.

Un renforcement des inégalités

Enfin, notre cinquième constat est celui des inégalités économiques et sociales face à l’utilisation des smartphones. Des études montrent que les personnes plus pauvres et moins éduquées s’équipent davantage en smartphones qu’en ordinateurs et les utilisent plus longuement.

Nous émettons l’hypothèse que ces populations sont également les moins au fait des enjeux de protection de leur vie privée, les moins à même de comprendre les conditions d’utilisation et le fonctionnement des sites et applications qu’elles utilisent, et les moins à même de configurer leurs appareils et logiciels comme ils et elles le voudraient.

De plus, les périphériques offrant le plus de sécurité du point de vue des données personnelles sont également les plus onéreux. Les plus accessibles ne permettent quant à eux tout simplement pas l’usage de certains outils protecteurs, tels que le chiffrement intégral.

Enfin, nous émettons l’hypothèse que les populations pauvres sont également les plus susceptibles de faire l’objet de décisions automatisées ou de manipulations ayant des conséquences négatives sur leur vie, basées sur la collecte et le traitement de leurs données personnelles et de celles de leurs proches.

Ainsi, nous voyons se dessiner ici une conséquence des inégalités économiques et sociales en la matière : les populations les plus fragiles sont à la fois les plus exposées à la surveillance, les moins à même de s’en protéger et les plus susceptibles d’en être négativement affectées.

Partenariat avec la Fondation MAIF et l’association Prévention MAIF

Face à ces constats, nous avons soumis le projet Gao&Blaze à la Fondation MAIF pour la recherche en réponse à un appel à projets portant sur la prévention des risques en matière de données personnelles. Si notre proposition n’a pas été retenue dans le cadre de cet appel, la Fondation MAIF a tout de même accepté de co-financer sa réalisation en partenariat avec l’association Prévention MAIF, ainsi que de participer au suivi général du projet et à la construction des protocoles de recherche.

Gao&Blaze fait à présent partie de la trousse des outils mobilisés dans le cadre des actions organisées par les membres de l’association Prévention MAIF pour sensibiliser et informer le grand public aux enjeux de protection des données.

Qui sommes-nous ?

Gao&Blaze a été produit par la coopérative de formation et de recherche La Boussole. Ses membres construisent des pédagogies et outils au service d’individus et de projets sociaux et solidaires. Les activités de la coopérative s’inscrivent dans la tradition de l’éducation populaire, c’est-à-dire dans une posture pédagogique visant à l’émancipation des personnes, quel que soit leur bagage préalable.

Généralement, l’activité de La Boussole prend la forme de formations sur mesure, de recherches scientifiques ou d’accompagnements de structures lors de leurs transformations. Les principales thématiques d’intervention de ses membres portent sur le numérique et l’éducation aux médias, l’intelligence collective et les méthodes participatives, le dialogue culturel et la lutte contre les discriminations.

Natalia Calderón Beltrán, PhD

Recherche, contenus pédagogiques, suivi du développement, gestion administrative et traduction

Quentin Harada

Conception ludique (game design), co-scénarisation, contenus pédagogiques, suivi du développement, coordination de la production

Logo MadBricks

MadBricks est un studio de développement de jeux vidéos basé à Bogota en Colombie. Ses membres ont principalement travaillé sur les mécanismes ludiques, les graphismes et les éléments sonores du jeu.

Game design et son

Tanilo Errazuriz

Animation et Production

Gabriel Vasco

Direction artistique

Juan David Peña

Gabriel Vasco

Artiste UI

Andrés Pascagaza

Animation

Gabriel Vasco

Artistes 2D

Douglas Hozart

Mauro Alejandro Zúñiga

Développement

Álvaro Pérez Páez

Juan Sebastián Beltrán Rojas

***

Scénario et dialogues

Claire Deambrogio

Traduction vers l’anglais et l’espagnol

Natalia Calderón Beltrán

Tanilo Errazuriz

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Contenus pédagogiques

Natalia Calderón Beltrán

Quentin Harada

Yoann Spicher

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Bande annonce vidéo

Iris Yassur

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Un grand merci pour leur contribution à :

Exodus Privacy

Studio Accidental Queens

Thomas Etrillard

Jean-Yves Ottmann

Sylvain S

Participantes et participants à notre étude

Nos bêta-testeurs et bêta-testeuses de choc qui peuplent la base de données de Blaze !

Et bien évidemment…

Top modèle et coach croquettes

Sushicat